Ya Rayi


2017
18mn50s Video HD
1/5 ex+1AP.
Commissioned by Institut des Cultures d'Islam


Ya Rayi est une réflexion sur l’évolution du raï, musique populaire algérienne. En arabe, raï signifie « opinion ». Les artistes y expriment les conditions de vie difficiles et les tabous auxquels les Algériens doivent se plier. Le raï est le reflet de la culture algérienne par sa créolité musicale et textuelle. C’est une musique underground qui a modifié et mixé les codes de différents répertoires existants pour sortir des schémas établis et rendre audible ce qui socialement se murmure. Il est un substitut à l’absence d’échanges entre hommes et femmes, entre jeune et ancienne génération dans un espace muselé par la morale. Aborder la question du raï d’hier et d’aujourd’hui, c’est proposer une réflexion sur ce qui se joue culturellement et socialement en Algérie mais aussi dans la société musulmane contemporaine.
Le personnage principal de Ya Rayi est un jeune homme, il tient le mur et semble figé dans la nostalgie. Son walkman rejoue en boucle des chansons de raï enregistrées sur K7. Il déambule, s’arrête à Oran devant la vitrine du magasin Disco Maghreb, producteur historique de la première génération de cheb et cheba et finit sa nuit dans un cabaret du coin. À Paris, il flâne dans le quartier de Barbès, haut lieu de la culture raï des années 1990. Les visages évanescents des stars d’autrefois Chab Hasni et Cheikha Rimitti qui se superposent à celle des vieux bâtiments évoquent une autre temporalité. Pourtant, les K7 de raï restent un objet de désir. Elles sont vendues et collectionnées dans de rares magasins connus des habitués. Ici, le raï est un fantôme, un souvenir nostalgique, mais la flamme est encore là : il suffit de rembobiner la cassette et d’appuyer sur « play » pour relancer l’ambiance.

Ya Rayi is a reflection on the evolution of raï, a popular Algerian music that embodied the need for expressing the difficult living conditions and taboos in Algeria. In Arabic, raï means 'opinion'. Through its music and textual créolité (creolity), rai is mirroring Algerian culture. It is an underground genre which has changed and mixed codes from different existing repertoires to bypass social restrictions and make what is muted heard. It is a substitute for the lack of interactions between women and men, between older and younger generations in a society silenced by morality. Questioning rai from yesterday and today is opening a reflection on what is culturally and sociably at stake in Algeria but also in contemporary Muslim society.
The protagonist is a young man with a Walkman listening to rai tapes. He is wandering, stopping by in front of Disco Maghreb shop in Oran, the historical producer of cheb and cheba. In Paris, he is idling in Barbès neighbourhood, a crucial part in rai development in the 1990s. The faint faces of rai stars Cheb Hasni and Cheikha Rimiti which appear throughout the video on old buildings evoke another temporality. However, rai tapes are still an object of desire, sold and collected in very few shops known by regular visitors. Here, rai music is a ghost, a nostalgic memory, but passion is never far: rewind, press ‘play’ and it starts all over again.



Vue de l'exposition YA RAYI, CAC Passerelle, Brest, 2018.
Collection de K7 de Raï
Vue de l'exposition Rock the Kasbah à l'Institut des Cultures d'Islam. Courtesy Katia Kameli, ADAGP
Ya Rayi
Vue de l'exposition Rock the Kasbah à l'Institut des Cultures d'Islam. Courtesy Katia Kameli, ADAGP
Ya Rayi
De haut en bas : Cadre 2, Khaled : série de 7 cassettes éditées en Algérie, 46,2 x 10,1 cm, 2016. 1/1 édition. Cadre 1, Divers Wahran : série de 16 cassettes éditées en Algérie, 53,2 x 20,1 cm, 2016. 1/1 édition.
Ya Rayi
De haut en bas : Cadre 3, Hasni : série de 14 cassettes éditées en Algérie, 46,3 x 20,1 cm, 2016. 1/1 édition. Cadre 4, Divers Barbès : série de 18 cassettes éditées en France, 62,9 x 21,8 cm, 2016. 1/1 édition.
Ya Rayi